La danse orientale égyptienne est la danse féminine en solo qui s’est développée en Égypte sous des formes populaires et classiques. Empreinte de l’art arabo-musulman, elle est une expression abstraite et stylisée, dont le langage semble transmettre une expérience humaine ancestrale et universelle. C’est une danse raffinée et puissante qui s’appuie sur un passé très riche dont les possibilités créatives et théâtrales sont multiples. 

DE LA TRADITION À LA  MODERNITÉ
Anne Benveniste puise son inspiration artistique dans la tradition de la danse égyptienne sans en figer la forme, pour mieux s’inscrire dans une forme d’expression plus contemporaine. Elle n’a de cesse de faire évoluer le mouvement oriental dans l’espace pour en faire ressortir sa dimension dramatique. Le répertoire traditionnel contient à lui seul les éléments de modernité qui favorisent une écriture novatrice de la danse. Avec une liberté et une aisance qui sont le fruit de ses années de travail, Anne Benveniste restitue ainsi à la danse orientale égyptienne sa puissance ancestrale.

L’ESTHÉTIQUE DE LA DANSE
La danse égyptienne partage un langage commun avec la musique orientale, dont la trame est brodée de motifs qui s’entrecroisent, se font, se défont et se transforment à l’infini. Cette danse est faite de changements traduisant des forces opposées : tenue/relâchement, retenue/exubérance, accents/ondulations, axe/spirale. Son expression part du bassin, du ventre de façon « organique » et terrienne et se traduit par des mouvements d’isolation ciselés et contenus. La vigueur des hanches  s’accompagne de la précision du mouvement des épaules. Une vibration de l’ensemble du corps peut se propager comme une onde, se figer dans un silence suspendu et se muer en accents ou mouvements  fluides. Son caractère est multiple. Cette danse célèbre le corps d’une manière familière dans le sens où elle parle à chacun de nous, à travers une palette d’émotions présentes dans la musique.  Elle est le reflet de l’âme de l’interprète.

LES TROIS STYLES DE DANSE ORIENTALE ÉGYPTIENNE

Le shaabi
. Cette appellation comprend deux aspects différents : le saïdi, musique du sud de l’Égypte aux rythmes lourds et à la mélodie lancinante, et le shaabi à proprement dit, qui est issu des villages ruraux et des petites villes de toute l’Égypte. Le shaabi fait partie intégrante de la vie des paysans. Le style shaabi est rustique et fier. Le centre de gravité du corps est placé dans le bassin, accentuant le coté terrien de la danse.

Le baladi. C’est le style urbanisé ayant pour origine les chansons de la campagne. Il s’est développé en Égypte au début du siècle, lorsque la crise économique força les paysans à se rapprocher des villes. De cet exil, jaillit une musique vibrante exprimant la passion et la joie aussi bien que la douleur. Entre tradition et modernité, le style baladi reflète avec sensibilité l’âme égyptienne. Le bassin est le centre de mouvements lourds et fluides, l’énergie est plus contenue que dans le shaabi. Le baladi évoque une sensualité terrienne, faite de retenue, de puissance et d’émotion.

Le sharqi. La forme sharqi ou « classique » fut à certaines périodes élevée au rang de danse de cour dans les palais royaux arabes des Xe et XIe siècles et durant l’ère ottomane au XVIIIe siècle. Le sharqi connut une heure de gloire dans les années 1940-1950, à travers le cinéma égyptien qui mit en lumière des danseuses stars comme Samia Gamal, Tahia Carioca ou Naïma Akef. Le style sharqi se reconnaît à son caractère lyrique. Il se définit par des gestes amples, de gracieuses arabesques des bras et du corps et par une grande fluidité dans les déplacements.

  • Le voile sharqi tenu au bout des bras, flottant derrière le dos comme une voile gonflée par le vent, donne au corps un élan lyrique et élégant. Il se prête à merveille aux musiques sharqi aériennes et mystiques dans lesquelles la flûte (ney) est dominante. Le travail du voile demande une force du centre du corps, des appuis au sol solides et une ligne du dos qui se prolonge dans les bras comme des ailes. En laissant un sillage derrière elle, la danseuse sculpte des volumes et des figures qui séduisent l’imagination et invitent à la rêverie.

  • Le voile baladi attaché sur la tête complète habituellement la robe traditionnelle populaire. Il est l’expression subtile du buste et du visage et excelle à traduire les sentiments créés par la mélodie et plus particulièrement par la voix. Son maniement nécessite une souplesse permanente du bassin qui permet de se saisir avec agilité des pans du voile comme un écho du corps entier. Le voile baladi dessine avec netteté les lignes du corps et projette dans l’espace des diagonales et des courbes majestueuses. Amplifiant la gestuelle de la danseuse, il enveloppe son corps d’un halo de lumière et fait rentrer le spectateur dans l’intimité d’une histoire.